Olivier Pontnau, notaire aux 30 000 abonnés

Notariat
|
Entreprise
Publié le
16/5/2023
Équipe Lions
@equipelions

Olivier Pontnau est Notaire Associé au sein de Act & Notaires depuis 2018. 

Il a commencé à publier sur LinkedIn, et a réussi en quelques années à créer une communauté de 30 000 personnes. 

Quel est son parcours ? 

Quelle est sa vision du notariat ? 

Nous sommes partis à sa rencontre lors du Congrès des Notaires...

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?


Je travaille dans le notariat depuis 19 ans. Je suis arrivé un peu par hasard dans la profession, car je souhaitais, à l’origine, être avocat. J’ai d’abord été en contact avec des actes notariés lors d’un stage dans un cabinet d’avocat, puis je me suis orienté vers un master notarial, alors que j’avais fait une licence de droit public.  J’ai fait des pieds et des mains pour entrer en Master 2, et j’ai rattrapé toute la formation en 1 an.

Ensuite, j’ai travaillé en étude, et cela m’a tout de suite plu ! Même si à l’époque le système était plus pyramidal : l’accès à la fonction de notaire était plus difficile, avec très peu de notaires salariés, et une nécessité d’avoir de l’expérience pour s’associer.

J’ai travaillé pour plusieurs études parisiennes : en immobilier institutionnel, mais aussi en actes courants pour les particuliers. J’ai pu travailler pour des banques privées avec une clientèle à fort potentiel économique.

Toutes ces expériences m’ont donné une vision généraliste du métier, j’ai rencontré tous les types de notariat, avec différents types de méthodes de travail.

Je me suis associé chez Act & Notaires grâce à la loi Macron. Je n’ai pas été tiré au sort : mes associés ont postulé à titre individuel, et ont donc eu une deuxième étude en Auvergne, et une troisième étude à Paris. Ils avaient besoin d’un Parisien pour la développer : on s’est connus comme cela.

On a fait un test et ça s’est très bien passé ! Aujourd’hui, on est 6 associés dans un groupe de 3 études et près de 42 collaborateurs.

Cela implique beaucoup de changements : il faut construire un multi-office, tout cela au milieu d’une transformation rapide et radicale de la profession.

Quels sont les plus grands challenges auxquels vous avez dû faire face durant votre carrière ?

Le premier défi a été de ne pas abandonner tout de suite !

À l'époque, nous sortions de l'école avec beaucoup de connaissances académiques, mais très peu de capacité opérationnelle. Nous commencions nos études avec 30 dossiers sur le bureau et on nous disait : "Il faut signer 2 fonds de commerce mercredi et 6 ventes la semaine prochaine".

Beaucoup de gens ont été rebutés par le notariat à cause de la pression très forte que cela créait.

Mais si nous arrivions à dépasser cela, nous avions ensuite une période d'apprentissage agréable, car nous montions en compétences et en capacité de gestion de la clientèle, et nous arrivions à tisser de véritables liens avec les clients. À un moment donné, la question de l'évolution professionnelle se pose.

Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de marchés et c'est beaucoup plus progressif, mais à l'époque, nous étions des clercs habilités et nous attendions de devenir associés. Il y avait un travail d'étranglement qui n'était pas facile.

La patience et l'abnégation étaient nécessaires, et à un moment donné, nous avons trouvé un projet qui nous plaisait. Les grands obstacles ont cela, car j'ai eu une passion pour ce métier dès le départ.

Comme pour tous les métiers, le cadre d'exercice est tout aussi important que ce que nous faisons au quotidien.

Quels sont les enjeux majeurs des études aujourd’hui et selon vous, ont-elles les outils pour y faire face ?

Les enjeux sont liés à une transformation rapide à plusieurs niveaux.

Il y a déjà eu des mutations technologiques qui ont été très rapides, dont beaucoup ont été anticipées par la profession.

Il convient de remercier la politique des 20 dernières années, car si nous sommes si bien équipés en matière d'actes électroniques, de parc informatique, de formation du personnel, les partenaires et les institutions y sont pour beaucoup.

La loi Macron a beaucoup perturbé les études. Il y a eu des changements dans la structure économique d'exercice qui se sont faits du jour au lendemain, donc beaucoup de cadres se sont retrouvés créateurs et le transfert de clientèle n'a pas été simultané.

Des structures historiques se sont retrouvées avec moins de cadres et toujours autant de clients, et de nouvelles structures ont eu besoin de temps pour monter en puissance. Il y a eu un bouleversement.

À Paris, un notaire sur deux est un créateur, donc on ne peut pas doubler le nombre d'acteurs sur un marché sans que cela ait des conséquences assez fortes, dans n'importe quel marché et secteur.

Il y a eu cette évolution légale et puis aussi une évolution des mentalités.

J'ai 41 ans, mais quand j'avais 37-38 ans, je voyais très bien que je n'avais pas la même approche que les gens qui avaient 3-4 ans de moins que moi. C'est une vision différente. Je ne dis pas qu'ils ont raison ou tort, nous avons grandi dans une mentalité d'obéissance pyramidale. Peut-être parce que j'ai grandi dans la peur du chômage, le graal pour moi était le CDI.

Je pense que les gens qui ont 10 ans de moins que moi n'ont pas cette peur car ils arrivent sur un marché du travail où on leur court après. Ils sont donc en position pour avoir des exigences que je n'avais pas forcément. J'étais content d'avoir un travail, un salaire et de payer mon loyer.

C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a une demande pour un cadre de travail, avoir un but. On n'est pas dans une relation contractuelle simple avec un CDI et un boulot à faire.

Les gens doivent vous estimer en tant qu'employeur, ils doivent se sentir utiles dans ce qu'ils font et qu'il y ait de l'estime pour l'entreprise à laquelle ils appartiennent.

On n'était pas habitués à cela, on était dans la production. Donc cela nous impose de nous transformer de façon radicale et rapide sur plusieurs points.

Quelles sont les évolutions qui attendent le notariat ?

Les évolutions en cours ne feront qu'accentuer la nécessité de gérer les ressources humaines différemment dans le notariat. Nous sommes au début d'un changement d'approche qui prendra probablement 10 ans de travail.

Les méthodes de travail vont également beaucoup évoluer, car les attentes des clients changent et la technologie évolue beaucoup plus rapidement qu'avant. Lorsque j'ai commencé en 2004, je n'envoyais presque pas de courriels, seulement des courriers. Nous utilisions l'ordinateur, mais nous n'étions pas en réseau. Chacun avait son propre poste et rédigeait ses actes.

En 15 ans, nous sommes passés dans une autre dimension et il est important de prendre conscience de ces évolutions.

Je pense que cela va s'accélérer avec l'arrivée de la blockchain et du métavers, ainsi qu'avec la nécessité de répondre à des demandes toujours plus pressantes et des lois de plus en plus fournies et contraignantes en volumes et en technicité.

L'enjeu sera de faire face à ces défis tout en offrant du confort aux gens à l'intérieur de l'entreprise, car il ne s'agit pas seulement de répondre à la demande extérieure.

Il faudra se demander quels bénéfices les utilisateurs de la technologie en retirent. Cela ne sera pas facile, mais c'est un défi économique et réglementaire que nous devons relever dans une époque de dérégulation et de concurrence de plus en plus forte dans tous les secteurs.

Nous devrons structurer et renforcer nos entreprises pour faire face à ces changements et préserver nos ressources. Il faudra investir, car il n'y a pas d'autre issue possible.

Que conseillerez-vous à un jeune créateur dans le notariat ?

Aujourd'hui, bien faire son travail ne suffit plus.

Évidemment, bien s'occuper de ses dossiers est fondamental, mais il faut se poser la question d'avoir une politique de développement "commerciale", même si c'est un gros mot dans notre profession.

Il faut se poser la question de son développement économique, de la construction d'une image de l'entreprise et d'arriver à faire quelque chose qui fonctionne.

Sur LinkedIn , on remarque que vous appréciez la science-fiction juridique.
Dans un monde de science-fiction quels sont les éléments que vous changeriez dans le notariat ?

Dans un monde de science-fiction, je ne prendrais que les aspects positifs et j'effacerais tous les aspects stressants.

C'est un beau métier où l'on accompagne les gens, où l'on résout pas mal de problèmes et où l'on anticipe des difficultés.

C'est donc un métier très plaisant où l'on noue des relations qui peuvent être très profondes et utiles.

Mais c'est vrai que le stress quotidien n'est pas toujours facile. Il y a une pression économique quand on est chef d'entreprise et une pression financière quand on est collaborateur.

Ce stress quotidien est très présent car nous avons un idéal de perfection qui peut assombrir les beaux côtés.

Donc, je prendrais les bons côtés en effaçant les mauvais avec un logiciel magique, un algorithme qui anticiperait ces problèmes et qui donnerait des solutions, même s'il n'y a peut-être pas de solutions... On peut rêver !

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